Back to Reviews

Hypnos 69 (B); Paradox, Leuven; December 22nd (François Becquart)

CONCERT REVIEW

C’est le dernier concert de l’année pour moi, et c’est du Stoner, tout un symbole. Le café le Paradox à Louvain ouvrait ses portes pour un concert gratuit d’Hypnos 69, ce qui donnait l’occasion à toute la famille Stoner du coin de se retrouver avant les fêtes de fin d’année, dans une ambiance sympathique et chaleureuse. Chaleureuse, le mot est bien trouvé car c’est une salle comble qui accueille la bande des frères Houtmeyers, qui joue à domicile et qui dispose de toute la soirée pour elle toute seule. Autant dire qu’Hypnos 69 va se lâcher et nous régaler d’un concert de deux heures et vingt minutes non stop!

J’arrive vers 19h20, au moment où le groupe est en pleine préparation : montage de la superbe batterie Ludwig transparente orange, réglage des guitares, étalage d’une forêt de pédales et d’appareillages hétéroclites. Les hommes d’Hypnos 69 aiment la technique et le côté progressif du Stoner. On le sent tout de suite au démarrage du show, dans une ambiance feutrée et cosmique, qui ne tarde pas à monter en puissance. Le programme est clair : rester calé sur l’année 1972 et forer les galeries tenues par Pink Floyd, King Crimson et Hawkwind. Au fur et à mesure de ses concerts, Hypnos 69 gagne en mordant et se situe résolument dans le sillage de King Crimson, version Stoner. Le groupe en est actuellement à son troisième album, "The intrigue of perception" et vas nous proposer de larges extraits de cet album, avec "Castle in the sky", "Twisting the knife", "Third nature" et un superbe "Endless void", où le bassiste Tom Vanlaer travaille avec une basse Danelectro à six cordes, du plus bel effet. Lui et le batteur Dave Houtmeyers ne constituent pas simplement une section rythmique comme les autres qui se contente d’insuffler un rythme binaire et basique. Chacun joue véritablement des lignes musicales complexes qui font des chansons d’Hypnos 69 de petites cathédrales électriques. Demandez n’importe quoi au batteur, il peut le faire. Il sait réagir sur toutes les combinaisons, tarauder le fût et chatouiller la cymbale, faire carillonner ses cow bells. Bref, un champion de la percussion.

Hypnos 69 paie également son tribut aux grands maîtres qui l’ont inspiré, avec une reprise du "I want you" des Beatles, du "Starless and bible black" de King Crimson ou du "Into the sun" de Grand Funk. Le groupe est également capable de compositions fouillées, comme sur "Neverending enigma", longue jam spatiale où tout le monde se retrouve coincé sur le vaisseau mère, quelque part entre Pluton et Uranus. Steve Houtmeyers est tout content d’être là et voudrait passer toute la nuit à tronçonner sa Gibson Les Paul sunburst, à picorer des notes aériennes sur le manche et faire jaillir des riffs gneissiques de ses micros. Il emporte son équipe de rappel en rappel puisqu’au bout d’une heure et quart de set primitif, Hypnos 69 nous colle pas mois de trois rappels. Le premier est un hommage au rock progressif avec notamment cette fabuleuse reprise de "Starless et bible black", où le son du Mellotron restitué par un minuscule orgue Roland PC 180 A plonge l’auditoire dans les arcanes temporelles de 1974. Le second rappel, à peine marqué par une courte pause où les musiciens ne descendent même pas de scène, faufile dans le heavy rock graisseux avec "Burning ambition", un titre du deuxième album "Promise of a new moon". Quant au troisième rappel, exécuté à l’improviste car il reste encore un quart d’heure avant le couvre-feu et l’émeute des voisins, est l’habituelle reprise de "Into the sun" de Grand Funk, avec leur petit pote David qui vient chanter sur scène et qui permet à Steve Houtmeyers de lâcher d’ultimes rivières de notes électrifiées.

Espérons que cette saine dose de bruit aura attiré le père Noël au-dessus de Louvain, et qu’il distribuera à tous nos rockers méritants des cadeaux qui permettront de jouer encore plus fort en encore plus loin l’année prochaine! Alors, nous propagerons au-delà des villes et des champs le message d’Hypnos 69 : bonne année 1972 à tous !

François BECQUART pour PSYCOTIC S.T.